Depuis les années 1970, les ânes vivent sur l’île de Chypre à l’état sauvage. Sur cette île rurale aux villages dispersés et enclavés, l’âne fut pendant longtemps une force de travail réputée pour son endurance et son bon caractère. Indéfectible compagnon des Chypriotes, il est l’emblème d’une île particulière, dont la beauté et la richesse culturelle rayonnent au-delà de la Méditerranée.
L’âne est une espèce protégée à Chypre et des deux côtés de la frontière qui divise l’île. Il a même été à l’origine d’une initiative bicommunautaire lancée par des personnes appartenant aux deux communautés (grecque et turque) de Chypre sous le nom “Amis de l’Âne de Chypre” pour empêcher son extinction. Cette œuvre de charité, enregistrée au Royaume-Uni, protégeant le bien-être des animaux, a été fondée en 1994 pour soigner des ânes de tout âge qui sont malades ou qui ne sont plus en mesure de servir, et pour fournir des services de soin et d’assistance à ceux qui travaillent encore à Chypre.
Ces ânes sauvages vivent près d’un monastère dans la région de Karpas, à l’extrême nord-est de l’île. Le site est touristique. Et qui dit touriste dit nourriture à grappiller.
Ces animaux sont livrés à eux-mêmes depuis des décennies.
Leurs propriétaires étaient des Chypriotes grecs qui ont fui lors de l’invasion du nord de l’île par la Turquie en 1974. Ils ont laissé là leurs ânes qui, désormais, vivent à l’état sauvage.
Les spécialistes évaluent à 2.000, le nombre de ces ânes, aujourd’hui. Ils n’étaient que 800 lors de la précédente étude en 2003.
L’âne a aussi suscité le débat politique à Chypre. Suite à des manifestations massives contre le dirigeant chypriote turc, celui-ci a déclaré qu’il n’existait pas de Chypriotes à Chypre. Pour lui, il n’y avait que deux peuples, avec deux nationalités différentes : les grecs et les turcs. Le seul vrai chypriote, a-t-il prétendu, c’est l’âne de Chypre.
Un reportage Arte – À Chypre, l’âne résiste