Les bienfaits de l’argile

Santé

L’utilisation d’argiles en thérapeutique chez les équidés, c’est-à-dire les chevaux, et autres membres de la famille des équidés (ânes et mulets), est relativement répandue et fait partie des approches de médecine alternative et complémentaire dans le domaine équin. Cependant, il est important de noter que les preuves scientifiques à l’appui de l’efficacité de l’argilothérapie chez les équidés peuvent être limitées et que l’avis d’un vétérinaire est essentiel avant de mettre en œuvre ce type de traitement.

L’utilisation d’argiles en thérapeutique chez les équidés peut être une approche complémentaire, mais elle ne doit pas remplacer les soins vétérinaires conventionnels. La sécurité et l’efficacité de ces traitements dépendent d’une évaluation appropriée par un professionnel de la santé équine.

L’argile est désormais volontiers délaissée pour des médicaments plus modernes. Pourtant, ses vertus ne sont pas imaginaires. Elle conserve de nombreuses indications, aussi bien en applications locales que par voie orale.

Les Égyptiens utilisaient déjà l’ocre jaune, une sorte d’argile, pour le traitement des blessures et n’hésitaient pas à baigner les malades dans les limons du Nil. Plus près de nous, Hippocrate, le père de la médecine moderne, préconise la terre de Lemnos, une île de la mer Égée. L’argile, historiquement, est la partenaire du médecin et du vétérinaire. Tout cela était évidemment empirique et il a fallu attendre les progrès de la chimie et de la physique pour expliquer les propriétés de l’argile qui ne sont pas virtuelles.

Nous n’enterrons pas ici dans des considérations géologiques complexes, mais il faut savoir qu’il n’existe pas une argile, mais des argiles aux propriétés différentes liées à leurs variations structurales. Elles partagent toutefois des similitudes : ce sont des roches à grains fins, dont la couleur varie en fonction des minéraux qui les composent. Elles sont cassantes, dures à l’état sec et se brisent facilement de manière irrégulière. Elles sont également des propriétés colloïdales : dans l’eau, elles gonflent, perdent leur cohésion et se dispersent. Leur surface est acide.

Leur hydratation est exothermique, ce qui signifie que leur dilution dans l’eau engendre de la chaleur.
Les argiles sont dites plastiques : elles forment au contact de l’eau une pâte qui peut être modelée. Ceci est dû à leur structure lamellaire : quand l’argile est appliquée, il se forme microscopiquement des lamelles qui s’empilent parallèlement.

On parle aussi de thixotropie : cela signifie que les argiles sont visqueuses si on les laisse au repos, et deviennent plus liquides quand on les agite. Cette propriété est très utilisée pour les excipients dans l’industrie pharmaceutique. Leur pouvoir couvrant est très variable selon les variétés. Cette caractéristique est essentielle quand on s’intéresse à l’argile en tant que pansement digestif. L’argile la plus couvrante est la smectite.

L'argile en cataplasme pour des pathologies tendineuses
L’argile en cataplasme pour des pathologies tendineuses
Une fois sèche, l’argile a en effet fini son travail et peut être retirée
Une fois sèche, l’argile a en effet fini son travail et peut être retirée

Des propriétés variées

Absorption : une des propriétés recherchées en thérapeutique est la capacité d’absorption. Absorption d’odeurs, de molécules, etc.
Pouvoir hémostatique : certaines argiles ont la capacité de stimuler les facteurs de la coagulation sanguine. Il s’agit essentiellement de la kaolinite, de la bentonite (de la famille des smectites) et de l’attapulgite. On peut donc espérer en les appliquant diminuer les temps de coagulation. D’où des indications intéressantes en pathologie digestive (ulcères qui saignent, rectocolites hémorragiques, etc.).
Adsorption : elle est liée à la structure cristalline des argiles et variable selon leur type. Les argiles sont capables d’adsorber des agents pathogènes (bactéries, virus), des gaz, des toxines. C’est une sorte de piégeage qui permet d’éliminer plus facilement ces indésirables dans les fèces. Ce pouvoir adsorbant est aussi utilisé dans des produits de nettoyage (terre de Sommières).

L'argile pour des affections cutanées
L’argile pour des affections cutanées
L'argile pour soigner les fourchettes pourries
L’argile pour soigner les fourchettes pourries

Les argiles en pathologie digestive

Le tube digestif se défend dans les conditions normales de diverses manières : grâce à son mucus protecteur, à la cohésion de ses cellules, à la sécrétion d’immunoglobulines, à la présence d’une flore saprophyte bénéfique qui s’oppose à la multiplication des germes pathogènes.
On comprend aisément qu’une argile à fort pouvoir couvrant qui, de plus, n’est aucunement absorbée par la paroi digestive, va le protéger mécaniquement.
L’argile va de plus exercer un effet tampon sur le pH digestif, mais cet effet semble marginal. Par ailleurs, l’argile a un effet stabilisateur sur le mucus, dans lequel elle s’intrique intimement. Il semblerait également qu’elle stimule la production de mucus et favorise son élasticité.
Chez les animaux de laboratoire, il a été montré que les argiles diminuent considérablement les conséquences de l’administration d’anti-inflammatoires, d’alcool ou même de bactéries pathogènes.

Les applications locales

Les cavaliers connaissent surtout l’argile en applications locales. Le cataplasme est la forme d’utilisation la plus courante, on le prépare avec de l’argile sèche. On évitera à ce propos tous les récipients en métal. Il ne faut pas remuer, mais laisser la préparation reposer quelques heures : on doit obtenir une pâte lisse, pas trop épaisse. On peut appliquer l’argile tiède, froide ou chaude (sans la faire cuire, car elle perd ses propriétés).
Pour l’application, on doublera la zone à traiter et l’on étalera sur une épaisseur de 1 à 2 cm, sur un tissu non synthétique qui sera appliqué à même la peau puis fixé avec du sparadrap ou une bande Velpeau. La durée d’application varie de 1 à 3 heures. Après cela, le cataplasme s’enlève habituellement facilement, on peut le mouiller légèrement pour plus de facilité.
L’argile ne doit pas être réemployée, car elle a adsorbé toutes sortes de substances. Ces cataplasmes ont des indications variées : états inflammatoires, brûlures, arthrose, maturation des abcès, engorgements après le travail, etc.
En réalité, l’argile ne mérite ni excès de louange ni indignité : on retiendra ses propriétés remarquables en pathologie digestive, et son apport intéressant dans la pathologie de l’appareil locomoteur.

La première couche d’argile s’applique à rebrousse-poil, ensuite, on peut l’apposer dans le sens du poil
La première couche d’argile s’applique à rebrousse-poil
Une couche épaisse d'argile de 1 cm minimum
Une couche épaisse d’argile de 1 cm minimum

Les familles d’argiles les plus importantes

  • Illite : argiles des grandes profondeurs, que l’on trouve essentiellement en milieu marin, mais aussi dans des zones froides et montagneuses.
  • Chlorites : argiles du fond des vallées alpines.
  • Glauconies : argiles des aires de sédimentation lente.
  • Kaolinites : argiles nées de la dégradation de roches grenues acides.
  • Montmorillonites : argiles issues de l’altération de roches éruptives. Présentes dans les régions aux longues saisons sèches.
  • Attapulgites et sépiolites : argiles instables se trouvant dans des milieux lagunaires.

Des contre-indications pour la voie orale

Tout ce qui est naturel n’est pas sans danger ! Des contre-indications sont à relever :

  • Antécédents d’occlusion intestinale.
  • Ne jamais associer à l’huile de paraffine, car il se forme des conglomérats dans le tube digestif.
  • Constipation chronique.
  • Éviter un régime riche en matières grasses.
  • Ne pas associer avec d’autres médicaments dont l’absorption peut être contrariée.
  • Toujours diluer avec beaucoup d’eau pour la voie orale.
  • Ne pas administrer en permanence, car l’argile adsorbe aussi les éléments nutritifs.

Source texte : Delphine Long, les argiles en thérapeutique vétérinaire. Thèse pour le doctorat vétérinaire, Lyon 2001, n°82.

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