L’âne au cœur de l’histoire

Culture

L’âne occupe une place significative dans la culture à travers le monde et à travers l’histoire. Voici quelques-unes des significations et des représentations de l’âne dans différentes cultures :

Symbole de travail et de persévérance : dans de nombreuses cultures, l’âne est associé au travail et à la persévérance en raison de sa capacité à porter des charges lourdes et à parcourir de longues distances dans des conditions difficiles. Il est souvent perçu comme un animal humble, résistant et utile pour l’agriculture et le transport.

Symbole de modestie : l’âne est souvent représenté comme un animal modeste et humble, en partie en raison de son apparence humble et de son comportement docile. Cette caractéristique a été soulignée dans des fables et des contes dans lesquels l’âne est généralement présenté comme un personnage qui, malgré son rôle important dans la société, reste humble et simple.

Références bibliques et religieuses : dans la tradition chrétienne, l’âne est mentionné dans la Bible à plusieurs reprises, notamment dans l’histoire de la Nativité, où un âne est présenté comme l’animal qui porte Marie pour se rendre à Bethléem. L’âne est également associé à Jésus lorsqu’il entre à Jérusalem, monté sur un âne, le jour des Rameaux. Dans d’autres religions, l’âne peut par ailleurs avoir des significations spécifiques ou être considéré comme un animal sacré.

Folklore et mythologie : dans de nombreux récits et mythes folkloriques, l’âne est présenté comme un personnage comique, sage ou astucieux. Il est souvent associé à la sagesse populaire et est considéré comme un animal intelligent et rusé.

Contes et littérature : l’âne apparaît dans de nombreux contes pour enfants et histoires populaires, souvent utilisé pour transmettre des leçons morales. Des exemples bien connus incluent “Le petit âne bossu” et “Le joueur de flûte de Hamelin”, où un âne joue un rôle important dans l’histoire.

Symbolisme politique : l’âne a également été utilisé comme symbole politique dans certaines cultures. Par exemple, l’âne est l’emblème du parti démocrate aux États-Unis, symbolisant des valeurs telles que la force, la loyauté et la persévérance.

Ces exemples montrent que l’âne a une signification symbolique et culturelle diversifiée et qu’il a joué un rôle important dans l’imagination collective à travers les âges.

Mosaïque du musée Copte (Égypte, Le Caire)
Mosaïque du musée Copte (Égypte, Le Caire)
Une mosaïque romaine humoristique d'un homme à dos d'âne
Une mosaïque romaine humoristique d’un homme à dos d’âne
Mosaïque avec jaguar et âne, Villa de Casale (Sicile)
Mosaïque avec jaguar et âne, Villa de Casale (Sicile)

L’habit ne fait pas le moine !

De l’Antiquité à nos jours, l’âne exerce une telle influence qu’il s’illustre dans la culture sous plusieurs images. Sacré pour certains, méprisé par d’autres, on a fait de lui un personnage de contes et de légendes, une entité parfois à la mauvaise réputation, un bouc émissaire sujet à toutes sortes de fables, car en réalité l’âne a “bon dos”. Pourtant, véritable source d’inspiration, il nous livre ses secrets d’âne, nous renvoyant de temps en temps une image ancrée à l’humanité comme un miroir à double-face.

Qualités ou défauts, l’âne est bien un reflet de la société au travers des âges, car depuis plus de cinq mille ans, il accompagne les hommes sans ménager sa peine, et d’aussi loin que l’on peut remonter dans le temps, certaines caractéristiques morphologiques ou participations font qu’il reste lié étroitement à la culture.

Souvent sujet de légendes ou balivernes, son image est pourtant souvent salie. Bête, têtu ou méchant, parfois, il représente la colère ou le danger. Les ânes rouges de l’Égypte ancienne incarnaient le maléfice si d’aventures les âmes en route vers l’au-delà le rencontraient. Une superstition qui s’explique, car dans ce cas, les auteurs évoquent certainement l’Hémione, ce demi âne à la robe rouge, si difficile à dresser.

Mais au-delà du mythe ou de la légende, des histoires ou des interprétations qui se suivent et ne ressemblent pas, la réalité est là. Dans la mythologie grecque ou plus précisément mysienne, les ânes par milliers furent sacrifiés au nom de Priape, fils de Jupiter et de Vénus, dieu de la fécondité abandonné par Vénus. Par la suite, la dérive légendaire voulut que l’âne de Priape soit affublé d’un membre sexuellement démesuré… Enfin, d’après la légende grecque et romaine, Apollon, fils de Jupiter, aurait puni le roi Midas en l’affublant de grandes oreilles, car ce dernier préférait la flûte d’un rival (Pan), nous rappelant d’ailleurs le bonnet d’âne distribué naguère dans nos écoles.

Chez les Romains, l’âne de Bacchus (monté en réalité par Silène, son fidèle serviteur) transporte des vases emplis d’alcool. Résultat ? En associant plaisir du vin et plaisirs terrestres, il devient, malgré lui, compère de débauches. En revanche, “Les Vestalia” fête romaine en l’honneur de la déesse Vesta, fille de Jupiter et Rhée, célébrée le 8 et 9 juin, redore son blason en mettant en avant des processions d’ânes couronnées de fleurs.

Bronze russe avec homme sur un âne avec selle
Bronze russe avec homme sur un âne avec selle
Figurine en terre cuite faite à la main signée P. Grasso
Figurine en terre cuite faite à la main signée P. Grasso
Poterie à figures noires, Lekythos par Amasis Painter
Poterie à figures noires, Lekythos par Amasis Painter
Napoléon passant le Col du Grand St-Bernard avec des mules
Napoléon passant le Col du Grand St-Bernard avec des mules
L'âne culotte de l'île de Ré, départ pour la pêche
L’âne culotte de l’île de Ré, départ pour la pêche

Une histoire d’une richesse exceptionnelle…

Prix de littérature ?
Certains ouvrages très anciens sont consacrés à l’âne, mais sont souvent orientés vers la dérision.

Le célèbre Homère, grand poète de l’Antiquité, né environ 900 av. J.-C., auteur entre autres du célèbre poème “L’Iliade”, tableau émouvant du siège de Troie, transforme Ajax (vaillant combattant après Achille) en âne au moment où celui-ci, perdant la raison, se jette sur les troupes de sa propre armée… Plus récemment, l’écrivain latin Apulée, né en Afrique vers 128 après notre ère, choisit le titre original “Des Métamorphoses ou l’âne d’or” d’un roman (11 livres) qui fit sa réputation en retraçant les mœurs de l’époque.

Au Moyen âge, Jean Buridan, docteur en philosophie, a laissé de nombreuses fables attachées aux traditions populaires, dont “L’âne de Buridan” représentant quelqu’un qui ne sait pas se décider, car l’âne pressé par la faim et la soif se laissa mourir entre une mesure d’avoine et un seau d’eau… À la Renaissance, le philosophe italien, Giordano Bruno, immortalise l’âne en modèle d’érudition. Coupable d’hérésie, il fut brûlé à l’âge de 50 ans. Enfin, en 1694, Charles Perrault lance le fameux conte “Peau d’âne”, repris d’ailleurs au cinéma avec succès, comme l’âne du serviteur Sancho Pacha dans le célèbre roman d’aventures de “Don Quichotte”. Devenu célèbre, l’âne vedette atteint son apogée également en 1956, grâce aux recueils de poèmes de l’auteur espagnol Juan Ramon Jiménez “Mon âne et moi” qui obtient un prix Nobel de littérature.

Ânes, selfie humoristique
Ânes, selfie humoristique
L'âne Batman posé sur un toit
L’âne Batman posé sur un toit
Les mémoires d'un âne, comtesse de Ségur
Les mémoires d’un âne, comtesse de Ségur
Dessin d'actualité humoristique sur le grand débat national
Dessin d’actualité humoristique sur le grand débat national
Un panneau d'humour ?
Un panneau d’humour ?

Interprétations picturales…

Au-delà de la caricature d’âne fou, ignorant ou monture du pauvre, les écritures bibliques permettent à l’âne de retrouver une plus juste valeur à travers plusieurs citations revalorisant et revendiquant sa gentillesse, son courage et son dévouement pour l’homme. Les récits ou des poèmes laissent également une large place à l’art pictural. Le peintre italien, Giotto di Bondone, au XIVe siècle, illustre très sérieusement, dans la chapelle Scrovegni, la fuite de l’enfant jésus en Égypte juché sur un magnifique âne gris.

Michel Ange métamorphose sous son pinceau, les hauts fonctionnaires en ânes pour se moquer du clergé et retrace une nouvelle fois l’histoire du roi Midas et ses grandes oreilles. Au XIXe siècle, l’âne bateleur, véritable personnage de la commedia dell’arte, s’impose à la tête du cortège de Polichinelle. Nombre de gravures enjoint sa caricature. Dessiné par les fabulistes, croqué par les étudiants, il reste le symbole de l’ignorance, très présent pendant les fêtes médiévales en dirigeant, costumé, les fous du roi.

Même constat, au début du siècle, pour l’âne écolier, stigmatisé par Hachette, les bonnets d’ânes faisant la couverture des fascicules d’orthographe.

En revanche, quand il s’agit services rendus, l’âne respectable pose avec les femmes de marins bretons, normands… les fermiers ou les gens de la ville et s’illustre sur de multiples photographies transportant poissons, victuailles… convoyant familles à l’église ou au marché. Immortalisé sur les archives, aux quatre coins du monde, on le voit œuvrer aussi aux champs pour les petits travaux de labour. Notons l’aquarelle du peintre François Flameng montrant l’importance du rôle de l’âne dans les tranchées de la Guerre 14-18, pour transporter soupe et munitions. Ouvrages, romans, poèmes, contes, art pictural… si l’âne est partout, il apparaît sur des monnaies grecques, gauloises, représente le blason de certaines armes de familles nobles du Moyen âge, fusionne aussi avec les bronzes animaliers du XIXe siècle. De tout temps, il poursuit son chemin en se faisant remarquer par des artistes de secteurs différents. L’opéra d’Offenbach, théâtres, chansonniers, marionnettistes, poètes de notre temps… Tout le monde s’intéresse au petit âne, et en s’inspirant de la période biblique, les sculpteurs l’érigent également haut et fort.

Certains moines travaillent le chêne massif en illustrant l’âne monté par Jésus, visible dans l’Église de Varenne-en-Croix (Somme). Même découverte religieuse, au musée de Colmar ou dans une abbaye du Tarn-et-Garonne où des statuettes représentent l’arrivée de Jésus à Jérusalem… Également visible sous les chapiteaux d’églises, le travail des vitraux retrace l’histoire de l’âne dans la bible. Sculpté dans la pierre, il s’érige encore dans les plus grandes cathédrales françaises. Acteur principal de la crèche, de nombreuses peintures ou sculptures l’illustreront. Enfin, un tel débordement culturel a certainement sa raison d’être, car l’âne fait bien partie intégrante de l’histoire de l’humanité, même si souvent “il a bon dos”.

Sa douceur, sa simplicité et son humilité ont servi l’homme sans relâche jusqu’à aujourd’hui, mais surtout véritable personnage biblique par la force du courant religieux, compagnon de Jésus de la crèche jusqu’à son entrée dans la ville sainte, l’on ne peut évoquer l’Equus Asinus sans penser à sa présence avec le Christ. Une présence qui lui vaut son entrée dans l’histoire pour s’illustrer dans la culture légendaire au pays des grandes oreilles. Une légende parfois exacerbée où l’âne à la place que l’on veut bien lui donner…

Paysan alsacien et son âne avec une charrette
Paysan alsacien et son âne avec une charrette
Promenade à dos d'âne au Touquet
Promenade à dos d’âne au Touquet
Laitière bourbonnaise et la carriole à âne
Laitière bourbonnaise et la carriole à âne

Citations d’auteurs…

À toutes les époques, la plupart des auteurs qui s’intéressent à l’âne, ne l’ont pas ménagé. Symbole de l’ignorance, entêté et méchant, sujet à moqueries, affublé de ses grandes oreilles… Dans l’ensemble, proverbes, citations ou maximes ne le mettent pas souvent en valeur :

  • “Dans les temps anciens, il y avait des ânes que la rencontre d’un génie faisait parler. De nos jours, il y a des hommes que la rencontre d’un génie fait braire.” Victor Hugo.
  • “C’est toujours l’âne qui brait le plus fort qui est le plus racé ; la bêtise est tonitruante.” Malcom de Chazal.
  • “Les ânes préfèrent la paille à l’or.” Héraclite, VIᵉ siècle av. J.-C.
  • “Le plus ânes des trois n’est pas celui qu’on pense.” Lafontaine : le meunier, son fils et l’âne.
  • “Nul ne sait mieux que l’âne où le bât blesse.” Proverbe du Moyen Âge.
  • “Si vous donnez de l’avoine à un âne, il vous le paiera d’un coup de pied.” Proverbe du Moyen Âge.

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