Biologie
Généralement considéré comme un animal rustique, l’âne présente cependant quelques fragilités et spécificités. Entre autres, on constate que l’âne est rarement malade, mais le cas échéant, c’est souvent très grave, voire mortel. On constate aussi, et malheureusement, des morts subites chez des jeunes ânes. L’âne est en bonne santé, tout semble bien aller et un matin, l’âne est raide dans son pré. Le premier problème est que nombreux propriétaires ne signalent pas cette mort, parce qu’ils n’en voient pas la nécessité et qu’ils préfèrent éviter les dépenses conséquentes. S’ils appellent un vétérinaire, celui-ci ne tient pas vraiment à faire une autopsie suivie d’analyses coûteuses. Résultat, on ne sait pas vraiment de quoi cet âne est mort, ce qui met d’autres ânes en danger…
Les ânons
Les ânons peuvent mourir de “la septicémie des nouveaux nés” (d’où la nécessité de vacciner au trivalent équin dans les trois premiers jours), d’un refus d’allaiter de la mère ou d’un lait insuffisant en quantité ou qualité, de diarrhées (causes diverses), de tétanos (plaie du cordon ombilical)… La mort de deux ânons dans le même pacage chez un professionnel sérieux a permis de déterminer la présence d’une bactérie dans le sol, provoquant des troubles légers et passagers chez les adultes, mais la mort chez les tout jeunes. Mais d’où vient cette bactérie et comment l’éliminer du sol reste mystérieux.
L’âne adulte
Au-delà de deux ans, les causes de mortalité subite paraissent, en dehors des accidents, être surtout d’origine parasitaire. En effet, les parasites internes peuvent, en migrant dans différents organes, provoquer des troubles hépatiques, cardiaques, nerveux, digestifs, etc., et éventuellement mortels.
Les maladies susceptibles d’atteindre l’âne sont très nombreuses. On différencie les maladies selon leurs causes : dysfonctionnement organique, conséquences d’un traumatisme, maladie infectieuse, etc.
De gravité très variable, les maladies infectieuses, notamment virales ou bactériennes, sont maintenant assez peu fréquentes. En effet, l’amélioration de la prophylaxie dans son ensemble, des conditions d’hygiène, les vaccinations, l’isolement relatif des ânes limitant forcément les contagions, l’absence de sélection génétique conservant à l’âne sa rusticité naturelle sont autant de facteurs limitant les épidémies galopantes. Il ne semble pas y avoir d’épidémie spécifique à l’âne qui est touché au même titre que le cheval. En 2000, 76 chevaux de Camargue ont été contaminés par la fièvre du Nil qui a été circonscrite grâce entre autres mesures à une mise en quarantaine sévère de tous les équidés. Depuis 2010, la circulation du virus en France et en Europe parait s’intensifier. Comme les moustiques ne sont actifs sur le territoire métropolitain que de juin à fin novembre, l’infection au virus du Nil occidental (virus West Nile) y est néanmoins saisonnière.
Les affections
Une maladie très contagieuse qui fait rapidement des ravages est la grippe. La vaccination est obligatoire en particulier pour tout animal appelé à se déplacer (voyage en van) ou à rencontrer ses congénères (équidés) lors d’une manifestation (foire, fête, concours…).
Le tétanos est une maladie très grave pouvant atteindre “sans prévenir” n’importe quel individu bien sain (bipèdes compris !). Son incubation est parfois longue, mais son développement est très rapide (trois jours). Cette maladie est mortelle si elle n’est pas soignée dès les premiers symptômes (raideurs aux maxillaires, à l’encolure, à la queue, légère fièvre). Le tétanos ne se transmet pas directement d’un individu à l’autre, mais se développe dans une plaie souillée en milieu anaérobie (sans oxygène, c’est pourquoi il faut nettoyer une plaie avec de l’eau oxygénée) donc dans une plaie profonde et pas forcément grande. La vaccination n’évite pas toujours la maladie, mais permet de la soigner. La vaccination antitétanique est généralement associée à celle contre la grippe. Elle doit être renouvelée tous les ans.
La gale est une maladie cutanée causée par des acariens parasites. Les acariens responsables de la gale sont des microorganismes qui infestent la peau de l’âne, provoquant une irritation intense, des démangeaisons, des rougeurs, des pertes de poils et éventuellement des lésions cutanées. La gale peut être très inconfortable et causer des problèmes de bien-être pour l’âne affecté.
Le traitement de la gale implique généralement l’utilisation de médicaments antiparasitaires spécifiques, tels que des acaricides, prescrits par un vétérinaire. Il est important de traiter tous les animaux du troupeau en même temps pour éviter la propagation de l’infestation. Les zones de vie de l’âne, telles que les abris et les équipements, doivent également être soigneusement nettoyées et désinfectées pour prévenir la ré-infestation.
La rage est une autre maladie mortelle, mais qui ne se rencontre pas partout. La zone géographique où elle sévit (en gros, au nord-est de la Loire) a tendance à régresser. La vaccination est obligatoire pour toute traversée ou séjour dans ses régions.
La peste équine (comme la fièvre du Nil) est causée par un virus transmis par un moustique. Bien que des vaccinations soient possibles, la meilleure protection, bien qu’aléatoire, contre ces maladies transmises par des insectes est… un bon hiver bien froid et une hygiène régulière.
D’autres maladies sont transmises par des insectes. Rarement mortelles, elles sont toujours pénibles, comme la dermite estivale qui semblerait s’apparenter à une allergie.
Qui dit insectes dit mouches, donc les parasites internes. Si un certain taux de parasitisme est supporté par l’âne, trop de parasites internes peuvent tuer. Il est donc indispensable de vermifuger les animaux, mais attention, en douceur ! En effet, une vermifugation brutale peut provoquer des paquets de vers qui font des blocages surtout intestinaux ou pulmonaires fréquemment mortels.
Une affection comme la dictyocaulose, maladie parasitaire causée par des vers du genre “Dictyocaulus” qui se logent dans les bronches et bronchioles des poumons, où ils provoquent une inflammation chronique des voies respiratoires peut entraîner des complications telles que la bronchite chronique et, dans les cas sévères, une insuffisance respiratoire.
Il est une maladie peu grave quant à l’état général de l’âne, mais très désagréable au quotidien. Ce sont les sarcoïdes, comme de grosses verrues sanguinolentes qui poussent un peu n’importe où sur le corps (ventre, encolure, membres…). Ces sortes de tumeurs ne sont pas franchement douloureuses, mais toujours désagréables à voir. Les sarcoïdes sont un vrai problème, car si le vétérinaire arrive à en faire disparaître, d’autres repoussent presque toujours. Les soins peuvent durer plus de deux ans sans que l’on soit certain que l’âne est vraiment guéri. Les ânes sont plus souvent atteints de sarcoïdes que les chevaux, et les mulets le sont plus que les ânes. Ce sont généralement, mais pas toujours, des jeunes qui sont atteints, vers 2-3 ans. Il semble que les ânes vivant dans des régions “à vaches” soient plus atteints que ceux des régions sèches. C’est une maladie dont on ne connaît pas réellement ni les causes ni les soins efficaces.
La maladie qui touche le plus grand nombre d’ânes est la fourbure. Nous en sommes encore à la cause initiale, car c’est nous qui faisons vivre nos ânes dans des régions qui ne leur conviennent pas, où l’herbe est trop grasse, et c’est à chaque fois nous qui les suralimentons, par plaisir et ignorance. Un âne est très vite en état de suralimentation permanente et il suffit de peu pour qu’une fourbure se déclenche. De plus, il faut savoir que la fourbure est récidiviste, c’est-à-dire qu’un âne qui a été fourbu une fois a de gros risques de l’être à nouveau.
Une vigilance
Les propriétaires d’ânes devraient s’informer et se responsabiliser beaucoup plus et comprendre que leur âne n’est pas seul au monde. D’autre part, si l’on soigne les ânes plus et beaucoup mieux actuellement qu’autrefois et si les vétérinaires sauvent beaucoup d’animaux d’une issue fatale, malheureusement trop souvent encore un âne soigné comme un cheval meurt sans que l’on comprenne vraiment pourquoi, en tout cas assez tôt pour intervenir efficacement. L’obligation d’identifier tous les équidés et de maintenir à jour leur carnet de santé devrait permettre à la longue de progresser dans la connaissance vétérinaire des spécificités asines et donc d’éviter de nombreux accidents de santé à nos longues oreilles.
Rarement vraiment malade, l’âne est sujet à de multiples petits troubles de santé, en particulier au niveau de la peau. Les causes en sont diverses : parasites externes (poux, gales…), champignons (teigne), réactions aux insectes, allergies… Ces problèmes touchent très souvent des ânes fragilisés physiquement (parasites internes) et/ou psychologiquement (stress, comme la vente qui provoque un changement de l’habitat, de la nourriture, de l’environnement social, etc.).
Bien qu’involontairement, nous sommes presque toujours la cause initiale des maladies de nos ânes. Notre responsabilité est totale en ce qui concerne la fourbure (suralimentation), les problèmes respiratoires classiques (froid humide, poussières), les maladies de la corne (sol trop humide), etc. Pour ne pas en rajouter, une hygiène générale (abris, pacages), des vaccinations à jour, une surveillance attentive et bien sûr une alimentation correcte sont aussi indispensables que simples à appliquer.