L’âne catalan en péril

Joan Gassó a consacré toute sa vie à la protection de l’âne catalan. Une histoire de famille, une histoire de patrimoine aussi. Malgré des qualités indéniables très appréciées (grand, fort…), la race de l’âne pyrénéen catalan est aujourd’hui en voie de disparition avec moins de 50 naissances par an. À cinq ans de la retraite, Joan est inquiet, mais il espère un avenir plus serein pour l’âne catalan.

Afin de faire reconnaître l’âne catalan au niveau national, un recensement des ânesses et des reproducteurs a été entamé et un recueil historique de cette race, dont on retrouve la trace depuis Pline l’Ancien (1ᵉʳ siècle avant JC), est en cours de constitution.

Avec un pelage ras et noir, l’âne catalan ou El Guara Catala est d’un caractère très facile, de grande taille (entre 1,45 m et 1,65 m au garrot) et peut peser jusqu’à 500 kg. Il est également très puissant. C’est une race endémique de la Catalogne, qui a été exportée dans de nombreux pays et qui est l’ancêtre du Mammouth Jack, aux USA.

Avec le développement de la traction thermique, la race a commencé à décliner dans les années cinquante. “Il y a encore une dizaine d’années, l’âne catalan était considéré comme une race en voie de disparition, car comptabilisant moins de 50 naissances par an. Aujourd’hui, la situation a empiré, et la race est classée en voie d’extinction, parce qu’il y a moins de 20 naissances par an” s’alarme l’éleveuse Delphine Danat.

Il y a donc urgence à agir pour aider les deux seuls élevages de race pure d’ânes catalans en Europe qui existent encore aujourd’hui : celui de l’Asinerie Kuleni, à Ponteilla, dans les Pyrénées-Orientales, et celui de Joan Gassó, un éleveur de Fuïves, près de Barcelone. Ces deux élevages participent ensemble, grâce à des échanges génétiques entre eux, à maintenir la race. On ne compte actuellement qu’environ 300 têtes d’âne catalan (situées à 85% en Catalogne sud, à 5% en territoire français et à 10% dans les différentes régions d’Espagne et d’Europe).
“Reconnaître cette race, c’est reconnaître son apport essentiel à l’histoire de la Catalogne, au patrimoine régional, par sa contribution au façonnage du paysage et au maintien de la biodiversité notamment. Mais l’âne catalan ne pourra être véritablement sauvegardé que si son utilité en agriculture est mise en avant” insiste Delphine Danat.
La mobilisation des éleveurs, de la profession asine et de l’État sont aujourd’hui vitaux pour pouvoir espérer conserver l’âne catalan, El Guara Catala, véritable acteur de l’histoire et du patrimoine vivant de la Catalogne.

Joan Gassó – Éleveur de l’âne catalan

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