Reproduction
L’accouplement des ânes, comme celui de la plupart des mammifères, est un processus naturel vital pour la reproduction de l’espèce. Cependant, il n’y a pas de rituel spécifique associé à l’accouplement des ânes comme il peut en exister pour certaines espèces animales. Les ânes suivent plutôt des comportements et des instincts naturels lorsqu’il s’agit de se reproduire.
Lors de la période de reproduction, les ânesses (femelles) entrent en chaleur, ce qui signifie qu’elles sont fertiles et prêtes à être fécondées. Les baudets (mâles étalons) détectent ces signes grâce à leur odorat développé. Les ânes mâles peuvent alors devenir plus actifs, montrer des comportements de cour et d’attention envers les ânesses en chaleur.
L’accouplement en lui-même se déroule de manière assez similaire à d’autres équidés, comme les chevaux. Le baudet saillie l’ânesse et l’acte de reproduction se produit. Il n’y a pas de rituels complexes ou de cérémonies spécifiques associées à cet acte.
Il est important de souligner que la reproduction des animaux est un processus naturel, guidé par les instincts et les cycles biologiques. Les comportements spécifiques peuvent varier en fonction de l’environnement, de la génétique et d’autres facteurs, mais il n’y a généralement pas de rituels élaborés associés à l’accouplement des ânes dans le sens culturel ou rituel humain.
L’âne demeure un animal indispensable à l’économie des pays en voie de développement où on l’utilise également pour la production mulassière. Chez nous, en occident, il devient populaire en tant qu’animal de compagnie. La médecine vétérinaire a longtemps considéré le chat comme un petit chien avant de se rendre compte des extrêmes différences métaboliques entre les deux espèces. Il en va de même pour l’âne qui suscite l’intérêt des chercheurs, notamment dans le domaine de la reproduction. En cette matière, l’âne se différencie résolument du cheval.
Le rituel d’accouplement présente des différences importantes par rapport à ce qui est observé chez l’étalon. Un baudet mis en présence d’une ânesse manifeste des signes d’interaction intenses, mais de courte durée : braiments, olfaction (exploration du corps de la partenaire), flehmen (mot d’origine allemande, l’équidé utilise son organe voméronasal ou dit organe de Jacobson situé sous la surface intérieure du nez. Cet organe est spécialisé dans la détection de phéromones. Il retrousse donc la lèvre supérieure, lève la tête et l’encolure et inspire bruyamment. Il utilise le flehmen pour analyser ou mémoriser une odeur : une jument à la naissance de son poulain, un étalon qui sent un crottin d’un autre mâle ou une jument en chaleur, etc.), et chevauchement sans érection. Les baudets, en monte libre ou en monte en main, ne copulent jamais immédiatement avec les ânesses en chaleurs. La saillie n’interviendra qu’après plusieurs cycles d’intérêt et de désintérêt pour les partenaires.
En monte libre, les ânesses participent activement au rituel précopulatoire : d’après les travaux de Henry, elles s’approchent environ 24 fois par jour pour stimuler le baudet qui, de son côté, ne manifeste son intérêt qu’environ 6 fois par jour. Ces périodes de désintérêt semblent bien spécifiques aux ânes. Au cours de ces phases, le baudet ne reste cependant pas totalement indifférent, il extériorise partiellement son pénis. Il semblerait que ces “pauses” soient indispensables à la préparation de la copulation proprement dite. La reprise des phases d’intérêt serait initiée par les braiments des ânesses auxquels répond le baudet. Alors que l’étalon garde généralement un groupe de juments, le comportement du baudet est bien différent : il est territorial et le baudet saillit les ânesses qui s’approchent ou pénètrent dans son territoire. Il est important de constater que de nombreux chevauchements sans érection sont observés au cours des rituels. Cela a des applications pratiques en ce qui concerne la monte en main. Pendant la phase précopulatoire, enfin, il arrive que les baudets se roulent par terre, sentent les crottins, défèquent et urinent au-dessus, tout en se masturbant.


La réponse des ânesses
Les ânesses ont également des signes d’œstrus (chaleurs) bien spécifiques : mâchonnements, oreilles couchées, relever de la queue, acceptation du chevauchement par le baudet, voire par une autre femelle, miction… En monte libre, les ânesses peuvent écarter le baudet pendant les premiers jours des chaleurs, mais l’acceptation se fait petit à petit au fur et à mesure que le moment de l’ovulation approche.
Comme chez les chevaux, une organisation sociale du harem existe : quand elle est en chaleurs, l’ânesse dominante cherche à écarter ses congénères afin de bénéficier en premier des faveurs du baudet.
Déroulement de la saillie
L’érection survient en général quand le baudet est à l’écart du groupe, qu’il broute ou se repose. Il se dirige alors de manière décidée vers l’ânesse en chaleurs qu’il a choisie, et qui n’est pas forcément la plus proche de lui.
La saillie se caractérise par 5 ou 6 allées et venues du pénis suivies d’éjaculation. À la suite de cela, l’ânesse saillie urine et garde la queue soulevée pendant un certain temps. En monte libre, l’intervalle entre les saillies est de l’ordre de 90 minutes, l’ânesse pouvant être saillie jusqu’à 18 fois au cours de la même période œstrale (chaleurs).
Une monte en main plutôt difficile
En raison de toutes ces particularités et notamment de la succession de phase d’intérêt et de désintérêt de la part du baudet, la monte en main est plus délicate que chez le cheval. Il arrive que des échecs complets dans la récolte du sperme soient observés. La présence humaine ou d’objets inconnus pourrait avoir une influence sur la libido du baudet. En monte libre en revanche, la libido est naturellement très développée, le baudet pouvant effectuer jusqu’à 11 saillies par jour.
Particularités des ânesses
Les ânesses présentent des particularités multiples par rapport aux juments.
Les ovulations multiples semblent plus fréquentes que chez la jument. Une étude menée chez 15 ânesses sur 54 ovulations indique près de 40% d’ovulations multiples. Ces ovulations multiples sont aisément diagnostiquées par palpation transrectale des ovaires ou par échographie. On sait que chez la jument, la gémellité est pathologique, aboutissant généralement à un avortement ou à la naissance de produits non viables. On ignore encore l’incidence de la gémellité dans l’espèce asine, mais il semble indiqué d’éliminer par écrasement l’un des deux embryons quand des jumeaux sont attendus.
- Chaleurs ovulatoires intermittentes : elles correspondent à des périodes de réceptivité sexuelle normale entrecoupées de courtes périodes de refus du mâle (quelques jours) bien que le cycle suive son cours. L’éleveur doit donc se méfier et ne pas interpréter une fin apparente des manifestations des chaleurs comme la fin réelle de l’œstrus. Un suivi gynécologique est indiqué pour ces ânesses (palpation transrectale et échographie).
- Chaleurs silencieuses : à l’inverse des précédentes, on ne note aucune manifestation comportementale de l’œstrus alors même que le cycle se déroule normalement. L’incidence de ces chaleurs silencieuses serait de l’ordre de 2%. On ignore les causes de ces chaleurs silencieuses. Il arrive que certaines femelles ne montrent des signes d’œstrus qu’avec certains baudets. Des dosages hormonaux et des examens gynécologiques permettent de constater la réalité de ces chaleurs silencieuses.
- Persistance du corps jaune : la persistance du corps jaune, une petite structure sécrétant de la progestérone, au niveau de l’ovaire, après l’ovulation, induit l’absence d’œstrus ovulatoire. Il faut la suspecter chez des ânesses ne revenant pas en chaleurs. Une mesure des taux de progestérone dans le sang permet le diagnostic de certitude. On utilisera alors des molécules dites lutéolytiques (qui détruisent le corps jaune) comme les prostaglandines. S’il s’agissait réellement d’un corps jaune persistant, les ânesses reviennent en chaleurs en 48-72 heures.
En forme toute l’année
Des études ont par ailleurs été menées sur la fertilité des baudets. L’âne ne semble pas subir de variations saisonnières très importantes, tout au moins en ce qui concerne le volume séminal, la motilité des spermatozoïdes, la concentration ou la vigueur de ceux-ci. Seul le pH séminal a des variations caractéristiques, mais discrètes.
On retiendra au total les principaux éléments qui différencient l’âne du cheval :
- Phase précopulatoire intense et prolongée.
- Chevauchements entre femelles pendant l’œstrus.
- Durée moyenne de l’œstrus (26 jours) plus longue que chez la jument.
- Ânesses cyclées toute l’année pour la plupart.
La durée totale du cycle œstral des ânesses est de 26 jours. Notons en dernier lieu la pratique plus difficile de la monte en main.
Le cycle des ânesses
On appelle diœstrus la période séparant deux chaleurs ovulatoires, au cours de laquelle l’ânesse repousse les baudets. Sa durée va de 14 à 22 jours, 18 jours en moyenne. L’œstrus correspond à l’acceptation des mâles et trouve son apogée au moment de l’ovulation. Sa durée est de 8 jours en moyenne, la majorité des ovulations ayant lieu à la fin des chaleurs (51% le dernier jour). Le moment le plus propice à la reproduction est donc le dernier tiers des chaleurs.
Ce cycle subit des variations saisonnières :
- Intervalle plus court entre deux ovulations au cœur de l’été.
- Croissance des follicules ovariens et taille des follicules plus importante au cours de la même période.
- Période anovulatoire semble-t-il de très courte durée, absente chez certaines ânesses.

