Autour des chemins ruraux, et dès qu'un bout de pâture est inutilisé, l'âne commun a élu domicile c'est en fait l'homologue de nos sympathiques bâtards canins. À la différence près qu'il ressemble à s'y méprendre à un âne de race. Souvent gris ardoisé, parfois gris foncé, quelquefois proche, du berrichon, du poitevin ou encore du provençal, occasionnellement pourvu de la fameuse Croix de Saint-André, l'âne commun c'est notre célèbre âne "Martin", celui qui est réputé, voire peu intelligent et des qualificatifs les moins sympathiques.
Et pourtant, cet âne "ordinaire" s'il n'a pas l'avantage de justifier sur papiers de ses générations précédentes, n'en est pas moins aussi passionnant que ses frères de "race". Et d'ailleurs, n'est-ce pas lui qui a permis de créer ou de recréer ces races, d'ailleurs souvent très voisines dans leur morphologie ? En fait, le grand public n'y voit pas outrage, car un âne c'est un âne et la fièvre des races n'a encore que très peu gagné les amoureux des longues oreilles. Les vendeurs ne s'y trompent pas et appliquent des tarifs à la hausse en mettant en exergue des garanties de race fort aléatoires. Seuls les amateurs éclairés aimeraient enrayer cette "prolifération" ; si l'on peut dire de l'âne commun, estimant qu'il est préférable de développer des races régionales.
On ne peut trop leur en tenir rigueur, sauf si leur passion d'une race leur faisait omettre les qualités d'un animal quel qu'il soit, comme on peut le voir dans d'autres espèces. Et malheureusement, cela commence à devenir le cas.
Par définition, l'âne commun ne répond à aucun standard et affiche diverses tailles, coloris, morphologies au gré des croisements dont il est issu ; de la même façon, si son caractère témoigne de la placidité propre à l'espèce asine, il peut, selon les sujets, faire montre d'un tempérament plus fort ou plus malléable selon ses ascendants, de race ou non.
Ceux qui ont le bout du nez sombre sont appelés "bouchard".
Choisir un âne commun comme compagnon, pourquoi pas, mais comme pour ses cousins à papiers, un conseil est de mise : le particulier a tout intérêt à faire castrer le mâle car si celui-ci, dans ses jeunes années, peut se révéler très attachant et amical, il a cependant toutes les "chances" de développer une agressivité difficile, voire impossible, à canaliser pour un non initié.