Michel Moitié ou le travail de la terre normande avec des ânes
Né près de Barneville (50), Michel Moitié, aujourd’hui à la retraite a toujours connu le milieu de la ferme. Après avoir longtemps vécu à Hainneville (50), il s'est installé en 1977 sur une terre d'Octeville (50) dont il avait hérité. L'exploitation de quelque 5000 m² de terres particulièrement escarpées, l'ont fait renouer avec une pratique qu'il avait vu employer tout au long de son enfance. "Mon père et ses frères, avec le grand-père, utilisaient des ânes pour pouvoir cultiver leur jardin. Tous pensaient : si on avait un âne, serait plus pratique !"
Dans le milieu des années 1950, le père de Michel achète Bergère, une ânesse. Son oncle acquiert Pomponne. "On allait au varech pour engraisser le terrain, raconte-t-il, à l'époque, on avait acheté une charrue neuve. Lorsque Michel part à l'armée, la pratique familiale est progressivement abandonnée".
Bête de somme...
S'il a repris une pratique traditionnelle qu'il observait alors qu'il avait cinq ans, Michel améliore le quotidien de ses ânes, qui cohabitent avec ses chiens. "Pour qu'il soit bien, un âne doit avoir au moins 2500 m² à cultiver" nous explique Michel. Pour simplifier la tâche à ses animaux, Michel a remis en route un brabant, une charrue ancienne qui permet de travailler sur deux sillons différents de l'aller et du retour. Il a découvert cette machine chez le propriétaire de Quentin, l'étalon des ânons. On est bien loin de l'esprit qui régnait dans les fermes dans la tendre enfance de Michel alors que l'âne était une véritable bête de somme. "C’était le parent pauvre de la ferme, Ils devaient charrier la luzerne et les bidons de lait. Ma mère, qui était employée dans une ferme, allait traire sur son âne avant le lever du jour...".
Tellement accidenté...
La terre, pour Michel, est un passe-temps à temps plein. Il y consacre tous ses loisirs. Pommes de terre, oignons..., tous les légumes du potager se succèdent dans le jardin de Michel, au fil des saisons : "Des cultures pour subvenir à nos besoins".
Dans un premier temps, Michel et ses enfants cultivent avec un motoculteur. Le terrain est tellement accidenté que la tâche est rude. En 1982, Michel se décide à acheter Mignone, une ânesse de huit ans. Quatre ans plus tard, il devient propriétaire d'une ânesse de six mois qu’il nomme Bergère. Aujourd'hui il est à la tête d'un cheptel de 5 ânes dont un étalon normand.
Têtu comme un âne ?
C'est facile de domestiquer un âne, assure Michel, c'est moins traître et moins méchant qu'un poney. Les ânes sont beaucoup plus doux. Un poney peut avoir l'oeil malin" Michel réfute l'adage qui dit "Etre têtu comme un âne". "C’est faux, c’est plus intelligent que nous !" Assure-t-il.
Lorsqu'ils ont huit à dix mois, les ânons sont placés entre des harnais pour s'habituer à leur futur travail. Jusqu'à ce qu'ils aient un an et demi, on les initie ainsi, sans compter sur leur effort.
Les ânes de Michel lui ont servi à défricher 4000 m² de lande qu'il a hérités de son beau-père, à Flamanville (50). Ce terrain sera ensuite mis en herbe pour nourrir les ânes. Les ânes y restent pendant un mois et demi, au printemps, puis de nouveau en juillet-août. Leur alimentation, en dehors de l'herbe, est constituée de foin, de cinquante kilos d'avoine par an et par animal, et de betteraves fourragères. Ils mangent aussi du pain et des morceaux de sucre et ne rechignent pas devant une tartine de pain-beurre et confiture. Michel Moitié est prêt à partager son expérience. - Tel : 02.33.52.01.83