Ancien cheval des cours royales, le cheval pure race espagnole (ou PRE) est aujourd’hui un parfait cheval d’extérieur et de loisir. Passionné de chevaux depuis plus de 30 ans, cavalier émérite de concours de saut d'obstacle et en particulier de concours complet, éleveur de chevaux de selle en Normandie dans la région Ouest du Cotentin, Eugène Moncuit est un fervent des équidés. Il est tombé amoureux du cheval espagnol. Un sincère engouement depuis maintenant plusieurs années. Il est propriétaire d'étalons et de juments, tous de pure race espagnole (PRE). Il nous invite à découvrir ou à redécouvrir le cheval espagnol appelé aussi cheval andalou.
Histoire
Le cheval pure race espagnole (ou PRE) est d’origine andalouse et fut à travers les siècles très apprécié des souverains et écuyers des cours d’Europe, que cela soit pour la guerre, la parade, le dressage ou la chasse.
Le dix-neuvième siècle marqua le début d’une longue éclipse du cheval espagnol. La modification profonde des guerres fait rechercher des chevaux de pur-sang ou de demi-sang, endurants et rapides. L’équitation de manège, telle que pratiquée avec le cheval espagnol connut un important déclin. Le pur-sang arabe et le pur-sang anglais remplacèrent peu à peu le cheval espagnol dans son rôle d’améliorateur de toutes les races équines… Puis le saut d’obstacle, le cross-country et le concours hippique influenceront par la suite l’élevage mondial équin.
Le cheval "andalou" est celui qui vient du sud de l’Espagne, région colonisée au cinquième siècle de notre ère par les vandales, qui s’établirent "Vandalusia" qui prit plus tard le nom d’Andalusia.
Les auteurs anciens ont vanté les mérites extraordinaires des chevaux de la péninsule ibérique ! Homère, dans l’Iliade, les considérait comme invincibles à la course. 400 ans plus tard, Xénophon contait les exploits des cavaliers ibères contre les athéniens. Tite Live précise que les cavaliers ibériques aimaient défier à cheval les taureaux sauvages.
Il existe encore aujourd’hui des races ibériques de poneys, le Sorraïa (au Portugal) et le Garrano (en Espagne) qui présentent des caractères primitifs venus du Tarpan (robe isabelle, raie de mulet, zébrures aux membres). On retrouve parfois ces caractères chez certains PRE, ce qui prouve que, même s’il y avait à l’origine deux populations bien distinctes, des croisements eurent bien évidemment lieu !
Une erreur très répandue consiste à croire que le cheval espagnol est apparenté au pur-sang arabe. Il n’en est rien, car au septième siècle, l’invasion des Maures n’exerça pas sur le cheval ibérique l’influence que l’on serait tenté de lui imputer. En effet, les Maures n’étaient pas, comme on le croit si souvent, remontés avec des pur-sang arabes, mais bien avec des chevaux… berbères, c’est à dire des Barbes, génétiquement très voisin, puisque les ancêtres des chevaux d’Andalousie étaient venus, en autre, avec le peuple des numides (appelés ainsi par les grecs) de l’Afrique du Nord.
C’est donc un cheval issu des différentes populations équines de la péninsule ibérique et ancêtre du véritable genêt d’Espagne (souche élaborée par des moines de la Chartreuse au quinzième siècle dans la région de Jerez ; l’élevage des Cartujanos ou Charteux), qui devait éblouir les Maures et donner naissance à l’actuel PRE.
L'Andalousie, berceau de la race
Impossible de parler du cheval espagnol sans évoquer l’équitation traditionnelle andalouse, encore pratiquée à titre utilitaire ou pour le simple plaisir, lors des défilés et ferias typiques du sud de l’Espagne.
Les techniques de cette équitation pluri-séculaire sont aujourd’hui bien codifiées (ainsi que l’harnachement du cheval et l’habit du cavalier) et font même l’objet de démonstrations (à l’école royale andalouse de Jerez, notamment) et de compétitions reconnues par la fédération espagnole d'équitation.
La doma de campo, qu’on peu traduire par "dressage des champs" comporte trois sections :
-
le rejoneo ("tauromachie à cheval"), c’est à cheval que le rejoneador (lancier) doit attaquer le taureau à l’aide du picador (longue pique), et poser les banderilles.
-
Le acoso y derribo (littéralement "je poursuis et je mets à terre"), c’est à cheval aussi qu’on teste la combativité des vaches, afin de sélectionner les meilleures mères de futurs taureaux de corridas, ces tests se nomment les tientas. Traditionnellement le acoso y derribo s'effectue à l'aide de la garrocha, une longue perche d'environ quatre mètres munie à son extrémité d'une pique en fer.
-
La doma vaquera (littéralement "dressage vacher"), c’est la préparation du cheval pour le travail du bétail. Elle vise à obtenir un cheval parfaitement équilibré, capable de bondir en avant à la moindre sollicitation.
La France, l'autre patrie du PRE
La vogue du pur-sang anglais au dix-neuvième siècle, la création par Eugène Gayot de l’anglo-arabe et l’homogénéisation des races de demi-sang regroupées sous le terme de "selle français" ont concouru à faire régner dans notre pays la quasi-exclusivité des chevaux de sport issus de ces races.
Certes, les petits chevaux barbes venus d’Afrique du Nord avec les derniers régiments de Spahis firent longtemps les beaux jours des centres équestres.
Mais le cheval espagnol, dans ce paysage n’existait pas ou peu.
Au début des années soixante-dix, quelques passionnés s’employèrent à faire connaître en France ces beaux chevaux de la péninsule ibérique (espagnols, portugais) que l’on désignait alors sous le terme unique de "chevaux andalous". Mais ce phénomène restait toujours confidentiel.
Du fait de la volonté du gouvernement espagnol de différencier le pure race espagnole (cheval espagnol) du lusitanien (cheval portugais), il devint nécessaire de modifier l’ancienne association française de cheval andalou, qui devient l’association française de cheval lusitanien et en 1986 fut crée l’association française des éleveurs de pure race espagnole (A.E.C.E.). Après l’Espagne, la France représente le premier pays européen du cheval pure race espagnole ou PRE.
Les premières naissances françaises furent enregistrées dès 1974, mais la race n’a été reconnue par les Haras nationaux que le premier janvier 2001.
S’il est un parfait cheval de dressage, le cheval pure race espagnole (ou PRE) se révèle également excellent à l’attelage. Son côté rustique, endurant, doté d’un pied sûr, en fait un fameux cheval d’extérieur et de loisir.
De brillantes allures
La grande majorité des chevaux espagnols ont des allures caractéristiques, très différentes de celles des chevaux de selle de race marquées par le sang anglais. Le PRE a une action plus relevée qu’étendue, et les sujets de qualité moyenne ou médiocre ne sont pas capables de beaux allongements.
Bien souvent, il "billarde", jetant ses antérieurs en dehors, de manière plus ou moins marquée. Le fait de billarder est considéré en hippologie comme une défectuosité. Mais en Espagne, cette particularité était naguère très bien acceptée et on estimait qu’elle ajoutait de l’éclat aux actions du cheval…
Il est évident qu’aujourd’hui, cette politique d’élevage s’est radicalement inversée. Les éleveurs, au lieu, comme jadis, de privilégier le modèle, la présence et la beauté des crins, attachent désormais la plus grande importance aux allures et à la fonctionnalité, gage des possibilités d’utilisation de leurs chevaux en équitation classique.
Les éleveurs ont compris que l’équitation sportive (et notamment le dressage), dont le cheval ibérique veut désormais conquérir les adeptes, nécessite un cheval aux allures plus classiques et plus étendues. Bien sélectionnés, les chevaux de pure race espagnole sont aujourd’hui capables d’allongements extrêmement satisfaisants et parfois même brillants. Certains sujets de grande classe peuvent donner un trot aussi allongé que n’importe quel cheval de dressage d’origine allemande ou hollandaise. L’allongement du pas est également chez certains sujets, aussi brillant que ceux que peuvent donner d’autres excellentes races de selle.
Ses utilisations
C’est évidemment dans le domaine de la tauromachie que le cheval espagnol trouve son terrain d’élection.
Mais il excelle également dans le dressage classique. Il a longtemps existé un malentendu, consistant à croire que le cheval espagnol serait réservé à une équitation de cirque ou de spectacle, et se trouverait totalement déplacé sur un rectangle de compétition.
C’est dans le domaine du spectacle équestre, que le cheval espagnol reste le roi incontesté. Le public ne peut qu’être séduit par sa beauté, son originalité et son exceptionnelle présence.
On le voit aussi dans les jeux équestres, pour le horse-ball, le cheval espagnol sait d’instinct bondir en avant, s’arrêter pile et repartir comme une flèche.
En randonnée, très équilibré et troussant haut les membres, il se joue des irrégularités de terrain, des racines et des pierres. Ses pieds à la corne très dure et aux talons hauts sont peu sujets aux bleimes ou au déferrer. Le cheval espagnol est frugal et facile à tenir en état avec des rations modestes.
En TREC et endurance sur des distances moyennes (quarante ou soixante kilomètres), mais attention certains chevaux espagnols sont assez chauds et ont tendances à piétiner, se mettant en eau et s’épuisant exagérément. D’ou l’importance de choisir un sujet possédant un pas suffisamment étendu et allongé pour couvrir du terrain sans gaspiller son énergie.
A l’attelage, sa souplesse et sa docilité lui permettent de se distinguer tout particulièrement dans les épreuves de maniabilité.
En équitation de sport, le cheval espagnol n’est pas fait pour récolter des lauriers en concours hippique sur des obstacles énormes, et n’a pas forcément la classe de galop nécessaire à l’exécution d’un cross de C.C.E. de top niveau. Toutefois, il est parfaitement capable de sauter couramment 1m40.
Le cheval espagnol possède des allures relevées de haute école… Son atout réside dans sa souplesse et sa mobilité confortable qui en font d’intéressants chevaux d’instructions. Il se démarque nettement dans tous les exercices qui requièrent un transfert de poids sur l’arrière main. Côté mental, il a tout pour plaire : gentil, docile, sociable et courageux.
Morphologie
Le cheval espagnol, eumétrique (format moyen et harmonieux), est de structure médioligne (intermédiaire entre bréviligne et longiligne) voire subbréviligne (corps court et trapu), sa silhouette pouvant s’inscrire dans un carré. Cette constitution associée à un rein court, lui confère une mobilité latérale incomparable. L’avant-main, très développée, prédomine sur l’arrière-main qui s’abaisse lors de l’engagement des postérieurs. Le cheval espagnol est plutôt "fait en montant".
-
Taille : minimum pour les sujets de 3 à 4 ans : 1m50 (femelles) ; 1m52 (mâles). Pour les sujets de 5 ans et plus : 1m52 (femelles) ; 1m55 (mâles).
-
Robe : toutes robes acceptées, sauf le pie. L'isabelle, le souris et le palomino sont de même écartées du stud-book.
L’élevage du PRE s’est considérablement développé en France. C’est pourquoi Eugène Moncuit désire participer, lui aussi, à l’essor de cette race équine, le cheval espagnol.